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MONNAIES NUMÉRIQUES : FUTURISTES OU INUTILES?(HEC-École des Hautes Études Commerciales de Montréal)

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MONNAIES NUMÉRIQUES : FUTURISTES OU INUTILES?par GESTION HEC ( Journal de École Universitaire des Hautes Études Commerciales de Montréal) DASH cité
Lien/Source : http://www.revuegestion.ca/decouvrir/monnaies-numeriques-futuristes-inutiles/


MONNAIES NUMÉRIQUES : FUTURISTES OU INUTILES?

L'USAGE ET L'AVENIR DES MONNAIES NUMÉRIQUES
18/01/2017
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ARTICLE PAR ÉRIC BRAT, CFA, ET FRANCK BARÈS, PH.D.

Éric Brat est professeur associé à HEC Montréal. Franck Barès est professeur agrégé et directeur du Département d'entrepreneuriat et innovation à HEC Montréal.

Après un lancement en grande pompe en 2011, le bitcoin connaît un développement lent et parfois chaotique. Dans la continuité de nos réflexions sur les innovations fintech¹, nous nous interrogeons dans cet article sur l’usage et l’avenir des monnaies numériques.

La monnaie numérique a connu un intérêt médiatique majeur depuis cinq ans. Le bitcoin, inventé en 2009 et émis pour la première fois en 2011, était présenté alors comme une nouvelle frontière pour le monde des paiements. Depuis, de nombreuses autres monnaies numériques ont vu le jour tels le litecoin en 2011, le ripple en 2012, l’ether en 2013, le dash en 2014.

Toutefois, la réalité économique des monnaies numériques est aujourd’hui encore très limitée. En effet, à l’heure actuelle, le montant global de monnaie numérique émise est faible. Ainsi, à la fin de mars 2016, les principales monnaies numériques représentaient ensemble moins de 5 milliards de dollars US. Le volume monétaire est concentré sur quelques monnaies puisque 15 millions de bitcoins représentent 3,5 milliards de dollars US, 78 millions d’ethers représentent 730 millions de dollars US, 45 millions de litecoins représentent 165 millions de dollars US, et enfin, 6 millions de dashs représentent 40 millions de dollars US.

Ce montant est en réalité insignifiant au regard de l’encours de pièces et de billets des principales monnaies régulées. À titre d’exemple, au Canada on compte environ pour 80 milliards de dollars canadiens en pièces et billets. Dans la zone euro, les billets et les pièces représentent environ 1 080 milliards d’euros.

Mais, en fait, comment les monnaies numériques répondent-elles aux principales caractéristiques des monnaies?

Les monnaies numériques répondent en fait assez peu aux trois principales caractéristiques des devises : étant peu acceptées dans les transactions, leur usage comme intermédiaire dans les échanges est très limité, leur volatilité joue un rôle de réserve de valeur très aléatoire. Enfin étant non régulées, elles ne peuvent servir d’unité de compte pour la comptabilité.

En fait, même s’il s’agit de devises peu performantes, les monnaies numériques pourraient-elles s’inscrire utilement dans le paysage des moyens de paiement?

Pour cerner leur utilité, il convient de segmenter les paiements en fonction de plusieurs critères : tout d’abord en fonction du montant payé, inférieur ou supérieur à 10 000 dollars, ensuite le paiement repose-t-il sur un échange physique ou sur un transfert électronique, enfin souhaite-t-on un paiement anonyme ou traçable?

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La règlementation récente sur la lutte antiblanchiment et sur la lutte antiterroriste impose une déclaration de toute transaction supérieure à 10 000 CAD en monnaie fiduciaire. Les monnaies numériques, ayant souvent pour principe l’anonymat, seraient donc limitées aux paiements de moins de 10 000 CAD.


Quant aux paiements électroniques, de nombreux moyens de paiement existent déjà tels les cartes de crédit et de paiement, les virements bancaires et Interac ainsi que les comptes Paypal.

Seuls un coût plus attrayant ou une exigence d’anonymat seraient donc susceptibles de motiver le recours à une monnaie numérique.

Mais quand exige-t-on de garder l’anonymat pour un paiement? Pour financer des causes discrètes ou des opérations secrètes? Nous sommes donc sur un usage de niche : le transfert anonyme de montants inférieurs à 10 000 CAD, tant au niveau national qu’international, ou la constitution de réserves monétaires anonymes, résultant notamment de transactions illicites?

En plus d’un positionnement de niche, les monnaies numériques sont pénalisées par plusieurs facteurs.

Tout d’abord, ces monnaies connaissent une volatilité incompréhensible de leur cours par rapport aux grandes monnaies : ainsi le bitcoin est passé de 400 à 1 000 USD au cours des 12 derniers mois.

Ensuite, des plateformes d’échange de ces monnaies ont connu des fraudes et des détournements majeurs. Les principales fraudes recensées ont été subies par MtGox en 2014 avec la disparition de 850 000 bitcoins d’une valeur de 650 millions de dollars au cours actuel, dont 200 000 ont été retrouvés; par le Fonds DAO pour 4 millions d’ethers représentant 50 millions de dollars en 2016. Et, dernièrement, en août 2016, par Bitfinex pour 120 000 bitcoins représentant 72 millions de dollars.

De plus, une opacité sur les vrais détenteurs rend ces monnaies attrayantes pour des commerces illégaux et leur donne une image « sulfureuse ».

Enfin, une absence de régulation de ces monnaies réduit la confiance des usagers dans l’intégrité de leur système de paiement. Peuvent-elles disparaître sans espoir de récupération?

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Reste donc la question finale des monnaies virtuelles : qui tire profit de l’émission de ces nouvelles monnaies?


De tout temps, battre monnaie a été l’activité la plus rentable. Ainsi, parties de rien, elles valent collectivement plus 5 milliards de dollars à ce jour… une création de valeur énorme… pour les créateurs de la monnaie…

En ce qui concerne le bitcoin, certains gagnants sont identifiés tels « Satoshi Sakamoto » le fondateur inconnu du bitcoin qui en détiendrait près d’un million soit une valeur de 775 millions de dollars, les frères Winklevoss détiendraient, eux, 1 % des bitcoins existants soit entre 120 000 et 150 000, enfin, le FBI qui a saisi 175 000 bitcoins du site frauduleux Silk Road.

Quant à l’ether, Vitalik Buterin, le fondateur, en détiendrait une partie importante, même après la cession annoncée cet été de 25 % de son portefeuille.

Pour le reste, évidemment impossible de le savoir… car ces monnaies sont anonymes…

L’utilité véritable des monnaies virtuelles est donc démasquée : battre monnaie au bénéfice de leurs créateurs.

En conclusion, les monnaies numériques paraissent davantage comme inutiles que comme futuristes. On pense plutôt que la véritable « killer app » pourrait se situer au cœur de la monnaie virtuelle, la technologie blockchain. Nous reviendrons sur cela dans un prochain article.
 
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Oui, j'avais déjà vu cet article passé quelque part.

Pour moi, cet article fait un peu du hors sujet quant à la raison d'être des monnaies numériques (intéressant d'ailleurs que le mot qu'ils choisissent d'utiliser soit "virtuelle").

Ceci étant dit, le dernier point que l'article soulève est intéressant (concernant la monnaie pré-minée et sa répartition). On n'en parle pas énormément de ces monnaies pré-minées.

C'est pourtant quelque chose qui me pose vraiment question. Qu'il y ait seulement quelques personnes détenant de si larges pourcentage d'une monnaie représente une concentration de la valeur et donc du pouvoir. La base des monnaies numériques est pourtant la décentralisation (et donc l'inverse de la concentration ?). N'y aurait-il pas ici en effet une contradiction ?

Par ailleurs, pour parler du Dash, j'ai appris pour la première fois dans l'interview faites par BitcoinMeister à Amanda B.Johnson, que le Dash contenant une faille dans son code le premier jour permettant aux mineurs de miner énormément de dashs ce jour-là. C'est ce qu'on appelle "un fast-mine" ou un "ninja-mine" apparemment.

Les développeurs ont décidé de fixer le code et de continuer la blockchain (pourquoi ne pas avoir recommencé à zéro ?). Pourtant, pendant cette seule et première journée, ce sont environ 1.9 millions de dashs qui ont été minés. Cela représente aujourd'hui plus de 25% de la monnaie en circulation... Combien y avait-il de mineur à ce moment-là ? Quel degré de concentration de valeur avons-nous aujourd'hui pour la monnaie Dash ?

De par leur structure, les monnaies numériques ont de toute une fâcheuse tendance à concentrer leur valeur entre les mains des "pionniers". Puisque la valeur augmente alors, avec la même somme d'argent, beaucoup moins de pièces de la monnaie numérique peuvent être achetées. Je ne m'y connais pas en économie mais ce que je peux constater c'est que le nombre total de bitconis ou de dashs à terme est ridicule par rapport à la population mondiale (21 millions de dashs répartis équitablement entre 7 milliards de personnes, cela fait 0,003 dashs par personne). Et le fait que la moitié de ces dashs soient minés dès la première période de sa vie assure une concentration énorme entre peu de mains.

Dans le dash, 4000 masternodes environ représentent 65 % du nombre de dashs. C'est à dire déjà plus de 20 % du nombre de dashs total lorsque tous les dashs auront été minés. Combien de personnes cela représente-t-il ? 4000 ? Moins ? Plus ? Car s'Il existe des masternodes qui sont partagés par plusieurs propriétaires, il existe aussi des propriétaires qui ont plusieurs masternodes.

Quel est la raison de cette concentration monétaire ? Est-elle nécessaire ? Car sinon, quelle serait effectivement la différence avec le système actuel ?
 
Par ailleurs, pour parler du Dash, j'ai appris pour la première fois dans l'interview faites par BitcoinMeister à Amanda B.Johnson, que le Dash contenant une faille dans son code le premier jour permettant aux mineurs de miner énormément de dashs ce jour-là. C'est ce qu'on appelle "un fast-mine" ou un "ninja-mine" apparemment.
Les développeurs ont décidé de fixer le code et de continuer la blockchain (pourquoi ne pas avoir recommencé à zéro ?). Pourtant, pendant cette seule et première journée, ce sont environ 1.9 millions de dashs qui ont été minés. Cela représente aujourd'hui plus de 25% de la monnaie en circulation... Combien y avait-il de mineur à ce moment-là ? Quel degré de concentration de valeur avons-nous aujourd'hui pour la monnaie Dash ?

Sur la concentration initiale due à l'instamine, j'avais lu une bonne analyse quelque part, que je compte traduire en français mais qu'hélas je ne retrouve plus là tout de suite.

Il y a aussi la page officielle là-dessus :
https://dashpay.atlassian.net/wiki/display/OC/Dash+Instamine+Issue+Clarification
que je traduirai en français (si ce n'est pas déjà fait par quelqu'un) et publierai un de ces jours.
 
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